LA TARTUFERIE DU 21ème SIÈCLE

, par SN FO SJC

Cette réforme dont on nous rebat les oreilles, réforme atteinte de réunionites aiguës aboutit à une mutinerie “ Webisée”. Cette mobilisation doit continuer car elle est un air de jeunesse, une nouvelle respiration . Voir les greffiers se rebeller via le net, c’est le “temps des cerises” du communard Clément....

Les greffiers et les greffiers en chef prennent enfin conscience de leur valeur et en ont assez d’être pris pour des galériens. “Et vogue la galère” dit Force Ouvrière, vous travailleurs de l’ombre, vous qui êtes peu considérés, vous qui réalisez une partie du travail des magistrats... sans prime, alors que ces derniers en perçoivent de très élevées, exigez l’abolition des privilèges dans notre institution et demandez l’augmentation de vos salaires et le réajustement de vos primes en adéquation avec les autres administrations.

Cette réforme est une farce pour les fonctionnaires qui se construit avec un simulacre d’adhésion de votre part, sous forme de questionnaire nettement dirigé avec des questions fermées. Cela s’appelle de la manipulation. Cette soit-disant réforme enfonce des portes ouvertes, elle est outrageusement somptuaire en des temps de pénurie par ses opérations de “com” qui coûtent très cher.

Où est donc la rigueur budgétaire exigée de tous ?

Force Ouvrière estime que les greffiers par cette réforme n’obtiennent pas une reconnaissance suffisante de leur rôle d’assistants du juge exercé depuis des décennies. Collaborateurs de la magistrature, ils sont en fait les serviteurs et les faire-valoir de celle-ci. Guides procéduraux, authentificateurs, ils sont les piliers des juridictions.

Comment encore débattre au travers d’une réformette évanescente de fonctions que l’on veut faire passer pour nouvelles alors qu’elles sont séculaires ?

Cette réforme n’est-elle pas une réforme de dupes ? Ne vous laissez pas abuser car vous êtes, vous fonctionnaires, une véritable force dans cette institution judiciaire archaïque où on veut vous faire prendre “ des vessies pour des lanternes” !

En fait, les fonctionnaires de justice souhaitent, une reconnaissance de leurs compétences accompagnée d’une revalorisation certaine de leurs salaires et de leurs primes, une revendication jusqu’à présent, mal entendue par nos dirigeants.

En ce qui concerne les greffiers en chef , Force Ouvrière rappelle qu’ils ont leurs compétences et leurs attributions définies par le code de l’organisation judiciaire. Ils ont des compétences organisationnelles et possèdent des aptitudes gestionnaires et procédurales. Force Ouvrière constate que les décideurs leur prêtent des dons d’ubiquité et leur demandent d’être des manageurs quand cela les arrange et des sous-fifres dans le cas contraire.

Exploités et dépréciés, ces cadres doivent savoir compter, savoir gérer, savoir écouter, savoir comprendre, savoir trancher...... MAIS aussi, savoir se taire, savoir obéir....... Savoir baisser la tête......

Force Ouvrière remarque qu’à force de tirer la substantifique moelle des “A” dévoués à l’administration de la justice, souvent passionnés au début de leur carrière, leur intérêt pour leur métier au fil des ans, se délite. Leur profession occultée est déconsidérée en comparaison de celle des autres administrations.

On a retiré à nos cadres, l’estime de leurs fonctions et l’estime de soi car ils ont été été spoliés, écartés de leurs missions originelles par un transfert de leurs tâches au profit des secrétaires généraux près les cours d’appels, des SAR et ils ont été maintenus sous la tutelle des magistrats.

Mais jusqu’à quand , les GEC vont-ils demeurer les marionnettes de la juridiction que les décideurs tirent dans un sens ou dans un autre selon leur bon vouloir ?! Il serait judicieux , Madame la Ministre, de re-positionner le rôle du greffier en chef. Cadres orchestres des juridictions, on veut encore alourdir leurs tâches par le transfert de certaines fonctions jugées ingrates par les magistrats et par ailleurs, on veut leur faire jouer, parfois, le rôle de “greffier d’audience”. Une situation paradoxale ! Jusqu’où ira cet écartèlement ? Devant ce nouveau “tri” des tâches, les greffiers en chef vont devenir les “poubelles jaunes” des juridictions ! Affublés de multiples tâches, ils ne récolteront, eux non plus, aucune reconnaissance. Pour reprendre les déclarations de Monsieur PION qui à propos des GUG disait vouloir sic : “des directeurs conciliants” ! Tout est dit, la preuve est là, si besoin était, que le greffier en chef ne doit “piper mot” !

Le syndicat FO dénonce une réforme dévoreuse de temps et d’énergie, enfumant les vrais problèmes de la réalité quotidienne des greffes comme par exemple :
 le manque de reconnaissance,
 la nécessité impérieuse de revaloriser les salaires et les primes
 la reconnaissance des métiers de greffe
 la nécessité d’ asseoir l’autorité des greffiers en chef et leur rôle de manageur, ces questions-là seraient-elles pas un chantier porteur d’avenir ?

Force Ouvrière n’oublie pas les fonctionnaires de catégorie C faisant fonction de ‘B”, depuis des années, utiles à l’administration et ce, sans contrepartie financière. Ils n’apparaissent pas dans le canevas de la réforme et la justice du 21ème siècle aurait du leur donner “quitus” en les intégrant automatiquement dans le corps des greffiers.

Madame la Ministre, les salariés de l’administration judiciaire souffrent d’une déshumanisation des relations. Redonnez aux fonctionnaires l’oxygène nécessaire par des conditions de travail et de vie décentes et la possibilité de s’exprimer dans des structures internes qui ne soient pas dominées par des chefs de juridiction et des chefs de cour où “la parole peut circuler mais elle n’est pas libre”.

Le syndicat Force Ouvrière vous demande de prendre conscience de l’agitation fébrile qui sévit sur Intranet. Ces réflexions sur la justice du 21ème siècle sont le vecteur des revendications essentielles des fonctionnaires qui deviendront insupportables si aucune solution n’est apportée de votre part.

Le syndicat Force Ouvrière s’inscrit contre cette justice du 21ème siècle qui a cristallisé le mécontentement de vos fonctionnaires de justice.

Madame la Ministre, le syndicat Force Ouvrière vous alerte sur cette grande mobilisation des personnels de greffe. Il craint une explosion de ce mouvement que nul ne pourra endiguer et comme Larochefoucault en son temps, l’a dit à Louis XVI :

“Non, Madame la Ministre, ce n’est pas une révolte mais une révolution” !

Le 27 mars 2014

Angelina JEAN (SG)

M.C MARIN (SGA)